Être français

Quand on fait un documentaire, il y a un passage obligé auquel on ne peut pas couper :

la note d’intention.

Kéçako ?
La « note d’intention », c’est l’objet même du film, ce pour quoi on veut le faire : une vision, une envie, et l’affirmation de celle-ci à travers des images, des séquences et des rencontres. C’est un peu comme l’angle en journalisme, mais en plus développé… Alors en exclu, vous trouverez ci-dessous ce que j’ai voulu dire avec les images que vous vous apprêtez à voir :
Être Français, ça signifie quoi, en 2016 ? Et est-ce que ça a le même sens pour un petit-fils de Breton que pour un petit-fils de Malien, pour un musulman, un catholique ou un athée ? UN PAS APRÈS L’AUTRE est un essai de réponse.
Entre coups de gueule et coups de main, insultes et mots doux, espoirs et déconvenues, le film place le spectateur au coeur de ce laboratoire éducatif privé et laïque qu’est le Cour Alexandre Dumas : ses drapeaux français et européens (« parce que ce sont des symboles dans lequel tous peuvent se reconnaître »), sa conception ouverte de la laïcité (l’Aïd est ici férié, tout comme le Vendredi saint ou Kippour), ses classes à faible effectif, ses dispositifs relais pour ceux qui décrochent, ses équipes interclasses et interâges et ses cours de « relation humaine » dispensés chaque semaine du CP à la 3e par le directeur, Albéric de Serrant.
Son rêve, dans cette France en miniature qu’est Alexandre Dumas ? Lutter contre l’échec scolaire, la « rebelle attitude » et la tentation de l’argent facile à coup de… respect. Pour offrir aux enfants de banlieue la « liberté d’être » et un vrai rôle de citoyen. « Qu’ils soient aussi à l’aise dans leur cityoyenneté française que je le suis moi, sans rien renier de qui ils sont »
A la suite d’Albéric, mille vies au compteur et une ouverture d’esprit à l’avenant, le spectateur est invité à changer de regard sur ceux qu’il va rencontrer. A accepter de ne pas tout savoir et à prendre l’histoire dès le tout début, sans préjugé. A l’autre bout du film, il y a l’idée que l’identité française demande à être façonnée, choisie et assumée, plus qu’à être seulement reçue — et qu’elle porte en elle beaucoup d’ailleurs, ce qui la rend d’autant plus belle.
Qu’est-ce que c’est, la France ? Une langue, un passé dans lequel chacun est invité à se reconnaître – et ce alors même que nombre de petits Français ont des familles originaires de pays anciennement colonisés ? La France c’est d’abord un « coq qui sait chanter même les pieds dans la merde » (dixit Albéric de Serrant), c’est-à-dire un récit. Une histoire de « liberté égalité fraternité » dont tous les exilés ont rêvé un jour, un roman national qui se recrée à mesure qu’il se raconte. Aussi la réponse à la question est-elle forcément subjective, évolutive et mutliple. Bien loin des carcans que les définitions officielles voudraient nous imposer.
Un pas après l’autre s’ouvre donc là où tout commence : sur le chemin de l’école, le matin de la rentrée. Avec Siham, élève de 3e, Anne, jeune maîtresse de CM1-CM2 et Manda, maman de trois élèves de l’école, dont les destins vont s’entrecroiser, un an durant. A l’autre bout de l’année, chacun aura appris de l’autre et fait quelques pas de plus sur sa propre route en zigzag.

 

Et pour ceux qui auraient pas vu la bande-annonce, c’est ici :

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