Lire pour voyager

Une sélection de livres qui vous feront partir

Nombre de mes amis me posent souvent la question fatidique, une fois le printemps venu et les premiers ponts de mai arrivés avec leurs week-end ensoleillés, : « Toi qui aimes lire, qu’est-ce que tu me recommandes ? ». Cette année, c’est recommandation 2.0. Profitez-en, y a que du bon là-dedans !

 

Ebène, Ryszard Kapuscinski

Kapuscinski Ebene

Du Sahara à la corne de l’Afrique, Ebène est un terrible et merveilleux voyage initiatique au gré des rencontres, des amitiés et des coups d’État à travers une vingtaine de pays d’Afrique noire. L’auteur, Ryszard Kapuscinski, a débarqué au Ghana en 1958 comme correspondant d’une agence de presse polonaise. Il n’a cessé depuis de sillonner le continent et présente, au travers de 29 chapitres, les fragments de quatre décennies « d’aventures africaines ». On y croise des dictateurs, des vendeurs ambulants, des prêtres et des enfants. Amin Dada, qui « symbolise l’alliance du crime et de l’absence de culture », les bayayes, cette foule oisive venue des villages, qui hante toutes les villes africaines. Conteur fascinant, Kapuscinski nous fait ressentir la chaleur abrutissante, tenace, de ces contrées, l’angoisse d’une tempête de sable ou de la traversée d’un troupeau de buffles, la spontanéité des rapports humains. Il sait aussi expliquer, sans clichés ni raccourcis, l’anatomie d’un coup d’État, l’histoire du génocide rwandais ou encore les guerres d’enfants, l’enfer du Liberia et ses seigneurs de la guerre ou celui des bidonvilles de Dakar et d’ailleurs. Un voyage au coeur des mystères de l’Afrique, au coeur des ténèbres de ce continent au destin tragique. (Source : Maya Kandel)

Il n’y aura pas de paradis, Ryszard Kapuscinski

Kapuscinski Pas de paradis

Une plongée dans l’Afrique et l’Amérique latine des années 1960 et 1970 : une œuvre journalistique exceptionnelle faite d’une mosaïque de textes par un conteur né.

Le 14 juillet 1969, une guerre éclate entre le Honduras et le Salvador. Les forces aériennes bombardent les villes, les armées de terre s’affrontent. Vingt milliers de morts et de blessés. La raison de ces massacres ? Au match retour de qualification pour la coupe du monde, le Salvador a battu le Honduras par 3 à 0… Kapuściński est sur place.
Il est au Katanga, huit ans plus tôt, quand on annonce la mort de Patrice Lumumba. À Alger auprès de Ben Bella, quand Boumediene réussit son coup d’État. En Éthiopie, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Angola, partout où les hommes et les peuples s’acharnent à s’entretuer.
Si le journalisme est un genre mineur, l’auteur d’Ébène l’élève au rang d’art suprême. Rien n’égale, dans ces chroniques, la précision du regard, la justesse du trait, l’intelligence et la vivacité du style, son ironie critique et son humour.

(source : Babelio)

Le neveu d’Amérique, Luis Sepulveda

sepulveda

Fidèle à la promesse faite à son grand-père d’aller un jour en Andalousie, dans le village de la famille, Luis Sepúlveda emprunte une route pleine de détours. Depuis Santiago du Chili ce voyageur infatigable, curieux de paysages mais surtout de rencontres, nous invite à l’accompagner dans quelques péripéties de sa vie ; de sa découverte, sous la tutelle du vieil anarchiste, d’un militantisme qui l’amènera à la prison et à l’exil dans divers pays d’Amérique du Sud, jusqu’au bonheur du retour, des années après, en Patagonie et en Terre de Feu. Avec un inégalable sens de la rencontre avec les autres, il nous fait connaître des marins, des professeurs amateurs de casinos et de femmes, des filles à marier à tout prix, les vainqueurs d’un championnat de mensonges et un aviateur fou… Un itinéraire personnel vagabond qui ne prend son sens qu’avec l’accomplissement de la promesse faite à son grand-père. Incomparable raconteur d’histoires Luis Sepúlveda transforme la réalité en littérature.

(source : Babelio)

« – Pas mal, l’histoire du poux, commente Baldo.
– Et ce ciel ? Et toutes ces étoiles, Baldo ? Un autre mensonge de la Patagonie ?
– Quelle importance ? Sur cette terre nous mentons pour être heureux. Mais personne ici ne confond mensonge et duperie. »

Le marin à l’ancre, Bernard Giraudeau

giraudeau

Ça commence par un voyage en Yougoslavie en vue d’un repérage après la lecture d’un roman d’Andrée Chédid… Non, ça commence par une lettre trouvée un jour dans sa boîte : un type handicapé qui lui demande de le faire voyager, lui qui ne peut prendre la vie d’assaut, cloué dans son « char ». Il s’appelle Roland et Bernard Giraudeau se prend d’une rude, d’une âpre amitié pour lui, ce « marin à l’ancre », à qui il va faire découvrir les eaux douces et salées du monde entier. Celles d’Amazonie, de Chypre, de Madagascar, de l’Afrique du Sud. Sous forme de lettres ou de carnets de voyages, il raconte le monde vu de ses yeux vus, avec le ton d’une discussion légère entre potes. Et qui dit « potes » dit rigolades et coups de coude – toujours par écrit – pour viser un peu les belles que l’acteur ne manque pas de découvrir dans chaque port, fidèle aux légendes de vieux marins et autres mythes qu’il égrène au fil de sa plume. Outre les rêveries auxquelles il convie Roland et les lecteurs (« Mais les papillons jaunes du fleuve sont des esprits, Roland. Personne au monde n’attrape les esprits. »), Giraudeau se dévoile (souvent avec humour), avoue ici son inaptitude au bonheur ou à la patience, confie là son goût pour l’improvisation au théâtre, réfléchit à la misère rencontrée dans ses voyages (« Il faut n’avoir vraiment rien pour savoir ce que c’est de n’avoir rien. ») Un portrait de l’acteur en voyageur qui ne laissera indifférent ni ses admirateurs… ni les autres.

(Source : Laure Anciel)

« Roland avait une grosse tête douce et intelligente. Il portait des lunettes. Son corps était petit, ramassé, torturé. Il vivait dans un fauteuil électrique qui était sa deuxième peau, son char, sa Formule 1. Une fois corseté, plaqué, sanglé, il était apparemment droit et prêt à l’abordage, le menton en étrave. Il tirait alors son cou vers le haut, vers les autres, ceux qui étaient debout. Le visage de travers, une cigarette au coin de la bouche, il allait pêcher des regards et des sourires. Il puisait la vie sans relâche. »

 

Un devin m’a dit, Tiziano Terzani

(per i miei amici itialani, e per te, Ila, che me l’hai regalato tanto tempo fa !)

On a réédité ce fantastique livre dans lequel l’un des plus grands journalistes italiens part autour de la planète à la rencontre des devins, ne le manquez pas ! 

 

un devin m'a dit

« Dans la vie, il se présente toujours une bonne occasion. Le problème, c’est de savoir la reconnaître et parfois ce n’est pas facile. La mienne, par exemple, avait tout l’air d’une malédiction. Un devin m’avait dit : « Attention! En 1993, vous courrez un grand risque, celui de mourir. Cette année-là, ne volez pas, ne prenez jamais l’avion. » Cela s’était passé à Hong Kong. J’avais rencontré ce vieux Chinois par hasard. Sur le moment, ces mots m’avaient frappé, évidemment, mais cela ne m’avait pas tracassé. Nous étions au printemps de 1976, et 1993 me semblait encore très loin. Toutefois, je n’avais pas oublié cette échéance. Elle était restée dans mon esprit, un peu comme la date d’un rendez-vous auquel on n’a pas encore décidé si on ira ou non. (…) Je me suis vite retrouvé à la fin de 1992. Que faire? Prendre ce vieux Chinois au sérieux et réorganiser ma vie en tenant compte de son avertissement, ou faire semblant de rien et continuer en me disant : « Au diable les devins et leurs inepties? » (…), et j’ai pensé que la meilleure façon d’affronter cette « prophétie » était de le faire à la mode asiatique : ne pas m’y opposer, mais m’y plier. (….). Et puis, l’idée de ne pas voler pendant une année entière me plaisait beaucoup, surtout comme défi. Prétendre qu’un vieux Chinois de Hong Kong puisse avoir les clefs de mon avenir m’amusait énormément. J’avais l’impression de faire un premier pas sur un terrain inconnu. J’étais curieux de voir où les pas suivants, dans cette même direction, allaient me porter. Tout du moins, ils m’inciteraient, pendant un certain temps, à vivre une vie différente de celle de toujours…. »

C’est ainsi que commence le livre de Tiziano Terzani (titre original : « Un indovino mi disse »).
Pour cet auteur, correspondant en Asie de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, 1993 devient une année très particulière (durant laquelle la prophétie, en quelque sorte, se réalise) dans une vie déjà assez extraordinaire.
De cette expérience naît un livre hors de l’ordinaire, qui est à la fois un roman d’aventure, un carnet de route, une autobiographie, la narration d’un voyage et un grand reportage. C’est un des plus beaux livres de ces quinze dernières années qu’il m’ai été donné de lire et qui est enfin réédité.
Tiziano Terzani redécouvre les plaisirs de voyager- en train, à pied, en bus, voiture, bateau, à travers les montagnes et outre-mer- re-découvrant la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, le Vietnam, la Chine, la Mongolie, le Japon, l’Indonésie, Singapour et la Malaisie. Cette odyssée à travers l’Asie est pleine de révélations et de réflexions sur les évolutions en cours, à ses yeux dramatiques.
L’histoire principale de ce livre n’est pas l’année que l’auteur, a passé à voyager autour de l’Asie sans prendre l’avion mais le voyage métaphorique à la poursuite de ce qui reste de la spiritualité asiatique. Au cours de ce voyage, Terzani emmènera également le lecteur dans le monde des diseurs de bonne aventure, qu’il part rencontrer tout autour du monde…

(source : les cinq continents)

 

Klezmer, Joann Sfar

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Parce que la liste ne saurait être complète sans une BD, voici la fantastique oeuvre de Sfar sur la musique Klezmer, cinq volumes (dont le dernier à paraître fin mai 2013) qui racontent les aventures d’une troupe hétéroclite de musiciens, parmi lesquels de nombreux juifs qui se posent des questions sur leur vie et sur leur foi, une très jolie fille mystérieuse, un clarinettiste surdoué, et un gitan plus que réjouissant !

Klezmer 2

Ce qui parait évident à la lecture de ces quatre premiers tomes de la série Klezmer, c’est que Joann Sfar est passé maître dans l’art de la pérégrination. Il entame un voyage, au même titre que ses personnages, aventure semi-aléatoire où l’on croit savoir où l’on va… tout en se laissant surprendre de temps en temps par le chemin des écoliers.

Le premier tome, c’est un peu celui du rassemblement. Celui de solitudes qui croisent leurs chemins les unes les autres pour finalement former un groupe éclectique d’amis en errance, avec pour principal lien la musique. Le Baron, clarinettiste aigri par la mort de ses compagnons musiciens. Yaacov, élève juif sans histoire jusqu’à ce qu’un seul vol impulsif l’exclue de sa communauté et l’oblige à se trouver une nouvelle identité. Tchokola, le gitan aux gros muscles. Vincenzo, le « bon juif » timide et terrifié à l’idée de transgresser les règles de sa religion. Et puis, Hava, la belle, la voix, celle qui attise la convoitise plus ou moins déclarée du jeune Yaacov et celle, plus introvertie, du Baron. Unissant leurs forces pour survivre, les membres du groupe erreront au fil de leur propre mélodie, récoltant les pièces pour se nourrir, avançant toujours au gré des opportunités et de leurs fantasmes.

Les deux tomes suivants vont plus les amener à s’apprendre les uns les autres, à confronter leurs valeurs, leurs fonctionnements, leurs erreurs. Toujours, avec comme fil conducteur, cette musique, reflet de ce qu’ils sont et de leurs émotions. Cette musique qui dit tout et pourtant hermétique aussi.

Le quatrième tome apporte par contre une coupure graphique avec les précédents. Plus décousu, alternant les mises en page (pleine page, mélanges ou cases « classiques ») et les matières (crayon, pastel, aquarelle), on a vraiment l’impression que Sfar a écrit son histoire en dessin automatique. Incrustant dans le « récit » (qui a plus l’allure d’une scène centrale ouvrant la possibilité à diverses réflexions) des saynètes isolées de personnages toiles de fond, il laisse aussi penser que, finalement, s’il avait prévu quelque chose, ben tant pis, c’est quand même lui le Maître de l’histoire et s’il a envie de faire autrement, c’est son affaire. D’ailleurs, ce quatrième tome était annoncé par l’auteur en fin du troisième comme titré Kishimev des fous (où l’on devait retrouver nos héros revolvers au poing…). Que nenni !  Ce Trapèze volant a tous les airs d’une récréation hyperkinétique donnant le loisir aux personnages de montrer leur évolution, de nouvelles facettes de leur personnalité sans faire beaucoup avancer leur parcours. Intéressant, libre, explosé, ce tome.

On sent cette audace, cette auto-permission de Sfar d’aller dans le sens qui lui correspond au moment où il crée. Beaucoup d’humour, de texture, d’atmosphère mais un peu de désordre dans cette série, donc, qui offre en plus, dans les trois premiers tome, un épilogue version journal où Sfar donne ses impressions concernant l’aquarelle, la ville d’Odessa, des anecdotes familiales, etc.

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On attend la suite pour encore nous déboussoler agréablement.

(source : Virginie, rédactrice pour Les Chroniques d’Asteline)

(et Télérama.fr pour voir les pages du Tome 5 jour après jour)

 

Voir aussi :

le site de Joann Sfar 

 

– Un long chemin vers la liberté, Nelson Mandela

mandela livre

Commencés en 1974 au pénitencier de Robben Island, ces souvenirs furent achevés par Nelson Mandela après sa libération, en 1990, à l’issue de vingt-sept années de détention.

Rarement une destinée individuelle se sera aussi étroitement confondue avec le combat d’un peuple et le devenir d’une nation. Né et élevé à la campagne, dans la famille royale des Thembus, Nelson Mandela gagne Johannesburg où il va ouvrir le premier cabinet d’avocats noirs et devenir un des leaders de l’ANC. Dès lors, à travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid.
Document majeur sur un des grands bouleversements de la Þn du xxe siècle, ce livre est aussi le témoignage d’un combat exemplaire pour la dignité humaine.

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