Le cirque Romanès (Rom chez les Roms)

Vendredi 3 décembre 2010, 21:50

Chers tous,

nul besoin d’enchaîner les kilomètres pour se laisser emporter :

le voyage d’où je reviens ce soir m’a mené à seulement deux portes de périphérique de chez moi, à Paris, mais il m’a envoyé le cœur bien plus loin que ça en m’ouvrant les portes d’un drôle de chapiteau, et les bras d’une non moins étrange famille tzigane.

 c SorinA

Quand les beaux jours sont là, il n’est pas rare de trouver les Romanès, et le petit cirque auxquel ils donnent vie et magie, sur les routes de France et d’ailleurs. Le reste du temps, ils prennent depuis quatorze ans leurs quartiers d’hiver à Paris, juste à côté de chez moi.

Un cirque de plus, me direz-vous, la belle affaire ! – mais qu’est ce que j’irais voir de si spécial chez les Romanès ?

Une chèvre, si vous aimez les animaux, mais elle passe vite.
Des exploits à foison, exécutés comme on danse, comme si c’était facile, et portés par une heure et demie de concert frénétique. Ou le cirque qui a représenté la France à l’exposition universelle de Shangaï, allez savoir… La vérité est multiple, comme toujours chez les Tziganes.

Car nul ne sait très bien ce qu’on trouve sous le chapiteau, sinon une famille qui continue d’annoncer en musique – et encore cette année, avec son nouveau spectacle – « que les Tziganes tombent du ciel ».

Depuis trois mois que Sarkozy, le président de la République, a prononcé le fameux discours de Grenoble, dans lequel il ciblait les Roms (Tziganes de Roumanie, de Bulgarie, et de l’Est de l’Europe) et les Gens du voyage (Gitans français), et intensifié les expulsions de camps, le pied de nez est osé.

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Alors l’envie m’a pris d’aller rencontrer cette famille étrange, qui vit dans un campement de caravanes à la porte de Paris, avec cinq musiciens, un jongleur, et une arrière-grand-mère, et qui le 31 décembre 2010, se fera fort de fêter avec qui veut « la folie tzigane en zone libre » !

De tout ça, et de toute la vie que les Romanès nous ont offerte à Damien et moi, j’ai fait un film qui parle des cases dans lesquelles on se retrouve enfermé sans savoir comment, et des autres routes qu’on aurait voulu prendre, et qui viennent nous tirailler, parfois, à coups d’envies d’ailleurs.

Ça parle de famille, et de comment elle peut être différente, et compter dans un même lieu quatre générations qui vivent ensemble, et ce à seulement quelques caravanes de distance.

Ça parle de cirque, c’est à dire l’art de donner naissance à des exploits sans en faire toute une affaire pour autant.

Et enfin, du début à la fin, ça parle de ce truc indéfinissable qui unit les Gitans de toutes origines, de toutes tribus, de tous pays, et qui n’est pas du tout le nomadisme : 400 000 « Gens du voyage » – terme de l’administration française pour désigner, depuis 1912, les Gitans français – vivent en France, et 90% d’entre eux sont sédentarisés.

Je termine ces jours-ci un livre magnifique qui m’accompagne depuis un ptit bout de chemin, et dont le titre résume toute la philosophie gitane : « Enterrez-moi debout », clame-t-il à qui veut l’entendre.

Rester debout, oui. Quoiqu’il arrive. Quelle que soit la gueule des jours, et l’accueil que l’on vous fait – et ce jusqu’à la fin. Là est le secret. Là est le voyage. Il n’en est pas de plus beau.

Allez, je vous laisse au pays de la folie tzigane, chers tous, et je vous embrasse fort.

 

Rom, l’homme itinérant

                                                                                                            (32 ans et neuf mois)

Et pour les voir en video, c’est ici :

https://vimeo.com/53751642

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