Un jour, tu feras du surf à « Secret »…

 

Jusqu’ici

(les trois fois où j’ai trouvé le temps de me mettre à l’eau),

j’ai surfé à Virages, une plage au Nord de Dakar…

Enfin « surfé », le mot est largement exagéré… Si j’ai pris quatre vagues en trois sessions, c’est un grand max !  « Pas d’bras, pas d’chocolat », rappelle souvent Thibault, l’un de mes maîtres ès surf, et  il a raison.

Mais qu’importe : la plage du Virage est magnifique, débonnaire, les habitants m’ont adopté, la lumière y est superbe, et la première fois que je suis venu, les vagues étaient vraiment bien…

Lundi matin (j’étais de récup après avoir bossé le samedi), j’ai eu le privilège d’arriver à Virages à 8h15 du mat’. C’était ma troisième session et j’étais encore excité comme un gamin à l’idée qu’il me suffit d’arrêter un taxi en bas de chez moi pour aller surfer en un quart d’heure.

Le long de la route, les Dakarois couraient (ils sont très fan de jogging, apparemment) dans la lumière du petit matin. Le taximan était un jeune bien tranquille, qui parlait surtout wolof, mais quand je lui ai dit ce que j’allais faire, y eu aucun problème… Alors je me suis assis à califourchon sur la fenêtre, comme d’hab, et j’ai regardé, et souri de toutes mes dents à qui voulait du sourire et savait, comme toujours en Afrique, si bien le rendre.

Les rues de Dakar étaient très peace, ce lundi matin. En chemin, on a croisé nombre de 4×4 rutilants, mais aussi une 504, une Nevada Break et tant d’autres « France au revoir », et puis aussi deux charettes à cheval, des vendeurs de recharge orange (« 2000, y en a de 2000 francs Cfa…») ainsi que l’une des meilleures boulangeries de la ville qui répandait des odeurs de croissant.

Mais surtout dans toutes les rues, il y avait le parfum de la mer et le vent au visage. Un grand lundi matin, j’vous dis !

Je suis arrivé en même temps qu’Elie, qui loue une planche à qui veut, garde un oeil sur vous quand vous êtes à l’eau, et dont la cabane sert aussi de vestiaire, endroit pour déposer ses fringues, buvette à coca – bref, un peu tout ce que vous voulez, il l’a…

Bon, par la suite, je me suis quand même mis à l’eau, et c’était pas glorieux (dans une eau très mêlée, avec un putain de gros courant qui imposait de ramer juste en permanence – en gros tu t’asseois sur ta planche pour souffler un coup, en 20 secondes t’as fait cinq mètres – le tout pour des vagues pourries, ou alors trop loin pour que je puisse jamais espérer les atteindre avec mes bras d’anorexique).

Mais n’empêche, ça vous requinque un bonhomme – même avec un déplorable niveau de surf.

La veille au matin, sur la même plage, j’avais discuté avec Arnaud, 14 ans, franco-sénégalais grandi à Dakar, qui parle le français avec l’accent wolof (qu’il ne parle pas – oui, faut suivre…) Pas bégueule, Arnaud. 3-4 ans qu’il fait du surf (il touche vraiment bien), et voudrait plus tard pourquoi pas faire une formation de mécanique et d’informatique (« parce que ça va être le futur, les voitures comme ça… bon, moi j’préfère les motos, mais bon… »).

Il a bien dû voir qu’en ces jours de retour au surf, un an après l’Inde, je suis encore une marmite avec un niveau de tortue cloutée, mais ça ne l’a pas empêché de m’encourager, tout en me racontant les différents spots de Dakar et leurs fonds marins… Et puis à la fin, il a lâché (sans aucune condescendance, non, encourageant – confiant, même, qui sait…) :

« Un jour, t’inquiète, tu surferas à «Secret»… C’est un bon spot pour les débutants, et la vague est belle… »

 

Après il s’est mis à l’eau, et c’est toujours aussi beau, cette grâce du surf pratiqué par quelqu’un qui sait y faire, quel que soit son niveau…

 

Merci, Arnaud. Et inch’allah, ce jour-là, on se verra à « Secret » !

(mais en attendant, y a pas, je vais ramer, histoire de retrouver des bras…)