Une étrange histoire…
Il est des oeuvres que l’on rate.
Quand elles sortent, on est occupé à autre chose, alors on écoute ce que l’on en dit, et qu’on en dit pas que du bien, et on finit par passer à côté.
Et puis, par miracle, il est des oeuvres que l’on recroise.
Hier, ce fut le cas pour moi avec L’Etrange histoire de Benjamin Button.
Vous savez, ce film étrange né d’une nouvelle de Scott Fitzgerald, qui raconte le destin d’un homme né prématurément vieux, et qui passe sa vie à rajeunir. Un film magnifique, qui vous enchantera, vous emportera, et vous donnera envie de vivre à fond chaque jour de votre maigre vie. Si vous doutez encore, voici la Bande-Annonce :
Il y a Brad Pitt au sommet de sa beauté, mais comparé à l’acteur qui joue Benjamin vieux, et qui est surréel, l’ami Brad fait ce qu’il peut…
Et quant à la nouvelle du grand Fitzgerald (que la grandeur et la déchéance inhérente à cette vie humaine qui est la nôtre a toujours fasciné), je ne l’ai pas encore lue – mais il me tarde. En attendant, en voici l’incipit, trouvé sur le net :
« Il y a bien longtemps, en 1860, l’usage voulait que les femmes accouchent chez elles. Aujourd’hui il paraît que les sommités de la médecine ont décrété qu’il vaut mieux que les premiers cris d’un nouveau-né retentissent dans l’atmosphère aseptisée d’un établissement hospitalier – réputé, de préférence. M. et Mme Roger Button étaient donc en avance d’environ cinquante ans sur leur époque lorsqu’ils prirent leur décision : leur enfant naîtrait dans une maternité, un beau jour de l’été 1860. Nul ne sait si cet anachronisme eut un quelconque effet sur l’histoire extraordinaire que je vais vous raconter.
Je vais vous dire ce qui s’est passé et vous laisserai seuls juges.
A Baltimore, M. et Mme Roger Button avaient, avant la guerre de Sécession, une situation sociale et financière des plus enviables. Ils avaient noué des liens avec les familles en vue, ce qui, comme le savent tous les gens du Sud, leur permettait de faire partie intégrante de la prétendue « bonne société » qui s’épanouissait à l’époque dans le sud des Etats-Unis. Comme c’était la première fois qu’ils se pliaient à cette charmante coutume qui consiste à faire un enfant, M. Button étaient naturellement un peu inquiet. Il espérait que ce serait un garçon pour pouvoir l’envoyer à son tour dans le Connecticut, à l’université de Yale, établissement où, pendant quatre ans, il avait été connu sous le surnom un peu trivial de « Manchette ». »