Parce que L’homme itinérant, ça a longtemps été tout un poème…
Parce que la première écriture qui m’est venue sous les doigts, à 20 ans, c’était la poésie, petit retour vers le futur…
« Alors je vais te dire
comment je vois le truc
toutes ces photos successives
qu’on a parfois en tête
quand la voiture roule
très vite
et qu’on a le corps
au-dehors
toutes les choses
qu’on prend soudain
en plein visage
et l’air a une odeur
qui raconte des histoires
de gens qu’on ne connaît pas
et la voiture est pleine
d’amis avec qui on a pas ri
depuis longtemps.
Alors je vais te dire, moi,
comment c’est
quand l’herbe est verte
et que les nuages
sont si immobiles
qu’il semble à celui qui court
que le temps s’est arrêté.
Et dans le souvenir,
on voit celui qui allait torse nu
sur des chemins d’Afrique
et qui voyait les rires
et les mains se lever.
Alors je vais te dire
les musiques
qu’on entend alors
et les mots qui résonnent
comme autant
de chansons.
Mais pour que je te dise
tout ça,
il faudra venir avec moi
t’asseoir sur la fenêtre
de la petite voiture blanche
aux mauvaises suspensions,
parcourir quelques kilomètres
jusqu’au petit lac
où l’on pêche,
le coffre empli de victuailles
et le coeur d’amitié.
Alors il n’y aura plus besoin
de mots :
un sourire me suffira
pour tout te raconter. »
(fev 2002)