574 pages de bonheur. D’une traite.

Chers tous,

j’inclus pour la première fois les lecteurs de ce blog dans l’un de ces courriers biscornus qui nous a mené jusqu’à cette aventure que fut L’Homme itinérant.

J’avais prévu de ne pas écrire, aujourd’hui, pourtant. De ne pas toucher à mon ordi. Besoin de lever le pied après avoir beaucoup donné à ce que le milieu de l’édition appelle « la promo ». Besoin de me défaire petit à petit de mon bébé, de le laisser voler de ses propres ailes – les mamans me comprendront, on appelle ça « baby blues ».

Besoin de prendre du recul, aussi, après deux trois commentaires acerbes – dingues comment ils peuvent à eux seuls attaquer les dizaines de messages que je reçois jour après jour me racontant combien ce livre vous reconnecte avec vos rêves, vos envies de voyage, d’enfance et d’ailleurs.

N’importe : une fois encore, il m’a été fait le reproche de ne parler que de moi – sans comprendre que je ne me prends comme support que faute de mieux, et pour raconter ce que la vie sait offrir de plus magique, à savoir la possibilité de communiquer avec un inconnu, sans raison, à l’autre bout du monde ou au bas de sa porte, et de parfois réussir comme par magie à se comprendre tout à fait. Il n’y a pas de plus grand plaisir au monde, rien qui justifie le fait de vivre à ce point – à part d’être amoureux, peut être 😉

Bref, venons en au fait.

Je m’étais donc promis de ne pas écrire, en cette belle journée de congé à Dakar où les plages, la mer et le vent appellent au farniente. De bon matin, je suis allé courir le long de la mer, j’ai joué au foot avec des cyborg sur le sable du petit matin, et la crise cardiaque n’était comme toujours pas loin, même si elle était effacée, une fois encore, par le plaisir d’appartenir à ailleurs – ne serait-ce que par la grâce d’une balle ronde en mauvais cuir.

En rentrant à la maison, j’ai attrapé un des livres que j’ai apportés pour les lire ici, me disant que j’en aurais lu quelques pages avant de bouger. Et je ne l’ai plus lâché.

Si je vous écris, c’est que je viens de le finir. 547 pages de bonheur, d’une seule traite – bien longtemps que ça ne m’était arrivé, et c’est un plaisir toujours aussi grand. J’ai fourré mon ordi dans mon sac, je suis sorti sans presque saluer personne (c’est impossible, ici), peur de gâcher tout ce que ce livre m’a mis dans le coeur, et je suis venu me mettre sur cette terrasse de rêve non loin de chez moi, en haut d’un hôtel que j’aime bien, face à la mer, un verre de rosé posé non loin de moi, et le vent qui me rappelle la douceur de vivre.

Et maintenant je vous écris. Parce que ce livre m’a rappelé le plaisir que peut être la lecture, le plaisir à se laisser emporter, enlever de soi et du monde pour mieux s’y retrouver, et avec des lunettes et un coeur tout neuf. Il m’a rappelé pourquoi il est si bon de vivre, malgré le palpitant cabossé, malgré les blessures et la fatigue. Parce qu’il m’a rappelé, aussi, à cette activité magique et sacrée qu’est l’écriture, qu’il m’a rappelé au bon souvenir de ceux que j’aime, et qui me manquent souvent si terriblement, sans que j’y puisse faire grand-chose.

Vous me connaissez, je n’ai jamais aimé les quatrième de couverture, les livres dont on sait comment ils vont tourner avant même d’avoir attaqué la première page. J’ai toujours préféré les livres où l’on arrive sur les ailes d’un/une qu’on aime et qui vous a dit ces mots magiques entre tous : « Lis-le, tu vas adorer ».

Alors je ne vous raconterai pas

Ensemble, c’est tout,

d’Anna Gavalda.

 

Je me contenterai de vous dire « lisez-le, vous allez adorer ».

Et de remercier les deux personnes si chères à mon coeur qui me l’ont offert conjointement, le même Noël, il y a huit ans. J’ai encore leurs deux dédicaces dans le livre. L’une se reconnaîtra. L’autre ne se souvient plus de grand-chose, même pas de son nom, parfois – mais elle sait bien qu’elle m’accompagne partout où je vais, partout où je vis, partout où je ris, je lis, j’aime.

 

Je vous embrasse bien fort

et je pense tout aussi fort à vous

 

Rom, l’homme itinérant

 

Ps : un ptit extrait, quand même :

« – C’est juste que j’ai un problème de voltage… Je sais pas comment dire… J’ai souvent l’impression qu’il me manque un bouton… Tu sais, un truc pour régler le volume… Je vais toujours trop loin dans un sens ou dans un autre… J’arrive jamais à trouver la bonne balance et ça finit toujours mal, mes penchants…

Elle se surprit elle-même. Pourquoi se confiait-elle ainsi ? Une légère ivresse, peut-être ? 

– Quand je bois, je bois trop, quand je fume, je me bousille, quand j’aime, je perds la raison et quand je travaille, je me tue… Je ne sais rien faire normalement, sereinement, je… »

 

 

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