Lille…
Voilà qu’une fois encore je reviens dans cette ville où j’ai vécu,
et qu’une fois de plus tant de souvenirs affluent.
En pensée, je recroise ceux que j’ai découverts, et aimés ici,
et tout ce que j’y ai vécu.
Et la lumière, une fois de plus,
ouvre en moi les portes
de ce Nord à nul autre pareil…
Et pour fêter le retour de l’homme itinérant dans l’un de ses chez lui,
rien de tel qu’un ptit extrait du livre,
il y a douze ans déjà:
Lille, 22 novembre 2001, 22:14
Quand vous n’êtes pas là
Chers tous,
souvent, quand je suis seul, un peu pluvieux et gris comme une après-midi maussade, un peu sombre et honteux comme le jour qui finit trop tôt, j’ai envie de vous parler.
Souvent, vous n’êtes pas là. Vous êtes ailleurs. Je ne dis pas ça comme on ferait un reproche déguisé. Au contraire. Pour moi, vous avez toujours représenté ailleurs, un ailleurs possible où se rendre quand toutes les portes sont fermées.
Bien peu d’hommes ou de femmes nous sont des ailleurs, printemps au cœur de nos hivers, main apaisante quand tous autour menacent. Moi, j’ai la chance de vous avoir…
Que vous ne soyez pas là ne change rien à ce qui nous unit. Que vous soyez avec d’autres ne vous éloigne pas de moi, que vous soyez dans un autre pays ne vous fait pas voyager hors des frontières de mon cœur. Au contraire…
Beaucoup d’amitiés sont ainsi faites qu’elles ne vivent pas en dehors des moments passés ensemble. La nôtre n’est pas de celles-ci.
Quand j’ai envie de vous voir, et que vous n’êtes pas là, votre silence et votre absence résonnent comme parole, et présence à mon oreille, comme invitation muette à parler, à vous dire.
Alors je vous écris – avec vous je trouve toujours les mots justes.
Et je suis soudain plus chaleureux, plus aimable, plus ardent d’avoir passé du temps avec vous. Soudain je vois mieux en moi, et j’y vois des choses plus belles. Comme une pièce glauque et sombre qui dévoile des tentures d’or à la lueur d’une bougie qu’on vient d’amener.
Quand vous n’êtes pas là, et que j’ai besoin, et envie de vous voir, je vous écris. Quand vous n’êtes pas là, oui… mais quand est-ce que vous serez là ?
En attendant ce jour heureux je vous embrasse fort,
et notamment tous ceux qui luttent,
et dont je sais les jours si lourds à porter.
Rom, l’homme itinérant
(vingt-trois ans et neuf mois)