Avoir l’oeil…

Je me souviens de ce que mon vieux maître de photo me disait,

qu’il aimait à photographier les gens quand ils attendent le métro.

Manière de dire qu’il cherchait ces instants où l’attention se relâche,

où l’on ferme enfin cet oeil extérieur qui nous regarde

en même temps qu’il nous armure,

et qu’alors affleure quelque chose de l’essentiel.

Pas tout. Pas bien longtemps. Mais c’est déjà ça.

 

C’est un instant très difficile à capter que celui où quelqu’un

se met à attendre le métro.

Il faut savoir le guetter. Savoir le reconnaître.

Et alors, par chance souvent, l’attraper…

Peu importe la machine photographique

(comme l’appellent les italiens),

c’est avoir l’oeil qui compte avant tout.

 

J’ai peu de photos de moi. Les photographes ont toujours plus de photos des autres, allez savoir pourquoi. C’est aussi qu’ils se laissent rarement prendre en photo. C’est enfin que je me reconnais rarement sur le papier glacé, ou le fichier.

Mais ce soir, une photographe en herbe m’a fait un beau, un très beau cadeau.

Je suis sorti dehors fumer une clope dans la nuit romaine après le dîner, et c’est vrai que j’ai vu cette belle ampoule nue au mur blanc, qui faisait une si bonne lumière,

mais je me suis juste dit « quand quelqu’un est sur ce balcon, ça doit faire une pure lumière… » (vieux réflexe d’homme d’image, mes camarades me reconnaîtront, en bons psychopathe de l’illumination en tous genre qu’ils sont)

et j’ai continué la conversation avec l’intérieur là où je l’avais laissée.

Et niveau oeil intérieur, je suis retourné… attendre le métro.

 

C’est là que la photographe en herbe est intervenue. Avec un téléphone. Car elle sait bien, elle, que peu importe la machine photographique, c’est avoir l’oeil qui compte.

Merci à toi. J’aime beaucoup cette photo.

 

Rom Rome

 

 

 

 

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