Vous avez déjà marché au 8e siècle ?

Je n’aime pas les musées.

En voyage comme à la maison, je les fréquente peu. Je n’entre que très rarement dans une église au motif qu’elle est belle.

Et ça ne me manque pas.

Je ne pars en voyage ni pour cocher des cases,

ni pour faire des circuits qui me rendraient sûr de n’avoir rien manqué des lieux où je passe. J’aime la rue, ceux qui la peuplent, et les histoires et les voyages fabuleux auxquels ils savent si bien me convier, et les trucs farfelus dans lesquels ça m’entraîne, et le temps qui se dilate, et la lumière quand elle s’adoucit, et le temps que ça prend à se faire…

Et si la beauté de Rome m’attrape autant, aussi fort, et ce à chaque fois que je reviens chez moi,

c’est plus comme écran de cinéma que comme boîte aux trésor.

N’empêche…

Il se trouve qu’à Rome, j’ai mon ami Christiaan (prononcer « kristianne »), que j’ai connu peu de temps après m’être installé ici. Et il se trouve aussi qu’après de looooooooonnnnngues années d’études d’histoire de l’art, il a fini

guide de la cité éternelle

– ce qui n’est pas rien. Ou pour le dire mieux : de tous ceux que je connais, Chri est juste la personne qui connaît le mieux cette ville, ses secrets ses histoires ses beautés. Et ça le passionne tellement que c’en est communicatif…

Christiaan

Parfois, quand je suis de passage à Rome, Christiaan, à ma demande, m’amène quelque part, voir un truc que je n’aurais pas vu sinon (ça nous a entre autres mené à une improbable expo Caravage & Bacon à la Villa Borghese dont je me souviendrai longtemps).

Hier matin, je suis tombé du lit.

J’avais rendez vous dans un vieux bar de Trastevere avec Christiaan, et quand je me suis levé, c’était déjà l’heure du rendez-vous. Je suis arrivé à l’arrache, Chri était comme d’hab super à la coule, et on est rentré direct dans une des grandes églises de Trastevere.

Je dis « une des grandes », et c’est vrai qu’elle l’est. Mais elle est située sur l’avenue que j’ai empruntée tant de fois pour aller ça ou là, juste après le Tibre, que je ne l’avais jamais vraiment vue, cette église…

Dedans, c’était immense. Des colonnes de marbre brun veiné de rouge, gigantesques. Des mosaïques au sol du XIe siècle (me disait Chri). Un plafond en bestiaire d’or, tout comme le martyr de San Crisogono, le saint auquel est consacré le lieu.

Mais on était pas venu pour ça…

Direction le fond de l’eglise, un vieux sorti de nulle part qui nous ouvre une porte obscure, et nous voilà d’un coup, Christiaan et moi, à descendre 10 mètres au-dessous du niveau de la Rome actuelle, pour retourner, 10 mètres plus bas, dans la

Rome « paléo chrétienne ».

San Crisogono est en effet l’une des deux églises de cette époque à être restée encore accessible (l’autre est San Clemente, pour les curieux…).

Seuls, sans aucun touriste, on a commencé de découvrir les lieux, vestiges d’une église disparue depuis 14 siècles. Bien peu à voir, à vrai dire. Mais un sentiment fort, celui que personne n’est passé là depuis bien longtemps, et que tout est à découvrir. Et les deux amis de s’appeler d’ici et de là : « Viens voir, j’ai trouvé un bout de fresque », « là, c’est le baptistère »…! Lampes de poches sur l’iphone en main, on scrute l’ombre…

Au mur, bien peu de visages nous regardent – mais il est difficile d’oublier celui-ci, et son regard qui nous fixait depuis le fin fond de l’histoire :

photo 2

Une grosse demie-heure durant, allant de surprise en découverte, et cherchant à comprendre comment s’organisait cette église que 10 mètres d’histoire auraient pu aussi bien ensevelir, on s’est pris pour des Indiana Jones en herbe, avec l’impression d’être retournés 14 siècles en arrière, et qu’avoir le droit d’y faire quelques pas est un privilège rare…

Merci, Chri, vraiment merci pour ce voyage inattendu !

Et longue vie à Chris the Guide !!!!

Et si vous voulez une autre visite, allez faire un tour par là :

 

 

 

 

 

 

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