J-1…

Voilà que la caravane médiatique lentement se dégonfle.

Nelson Mandela est toujours dans un état « critique mais stable »,

et comme rien n’a changé dans un sens ni dans l’autre,

les envoyés spéciaux peu à peu sont repartis,

laissant les correspondants reprendre vie quotidienne – jusqu’à la prochaine fois…

 

L’hiver arrive sur Pretoria, le ciel est gris, lourd, comme un mois de novembre à Paris, et devant l’hôpital, le vide se fait peu à peu.

IMG_3576 IMG_3577

Certes, il y a encore des camions satellites, et des badauds qui viennent jeter un oeil, rendre hommage, ou chanter des prières.

Mais le coeur médiatique n’y est plus. Il s’est déplacé en Egypte, et demain il sera ailleurs encore. Sans doute il sera de retour pour les 95 ans de l’icône, le 18 juillet – mais ce sera sans moi.

Demain, j’achèverai un mois de présence en Afrique du Sud. Je me sens, je l’avoue, comme un prisonnier que l’on s’apprête à libérer. Vivre avec sans cesse en tête l’idée que demain peut être, et même ce soir qui sait, l’un des hommes les plus inspirants du monde peut mourir, et qu’alors il faudra tout lâcher, d’un coup, est une sensation bizarre, dérangeante. A terme, attendre quelque chose que l’on ne souhaite pas, et se tenir prêt pour une éventuelle mort qui chamboulerait tout, met dans un état second. On se met malgré soi à vivre dans une ambiance mortifère, on prend des rendez-vous en finissant ses phrases par « sauf si Mandela meurt cette nuit ».

On se prend à être pris, et on se déteste de ça.

Mais demain soir, un avion me ramènera chez moi, à Dakar. Je retrouverai le soleil, l’été, la lumière, et une vie enfin libérée de la fatidique épée de Damoclès arc-en-ciel qui pèse ici sur chaque journaliste. Enfin, mes conversations ne tourneront plus toutes autour de la mort, et j’avoue que j’attends ça avec impatience…

Me reste à dire merci, néanmoins. Grâce à Mandela, j’ai pu connaître mieux cette Afrique du Sud qui m’avait tant déplu la première fois que j’y étais venu, il y a trois ans, et que j’ai appris à comprendre mieux, sinon à aimer. Merci donc à ceux qui m’ont ouvert la porte, donné à découvrir, donné à aimer.

Et paix à l’âme de l’apôtre de la liberté, et du courage. Puissé-je emmener un peu de ses leçons dans mes prochains voyages…

 

Et je vous laisse avec cette phrase d’Emerson trouvée dans A quiet kind of courage, livre consacré à tous les héros anonymes de la lutte anti-apartheid :

« Un héros n’est pas plus brave qu’un homme ordinaire,

il est seulement brave cinq minutes de plus »

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

%d blogueurs aiment cette page :