Quand Gnarls Barkley fait ses concerts en pyjama

Dakar, 8 juillet 2013, 2h57

 

Chers tous,

 

les soirs de retour,

la musique touche comme jamais.

 

Pour l’itinérant que je suis,

elle reste le « chez soi » absolu,

le coffret qui contient le coeur du foyer

– sauf que ce foyer-là est mobile.

 

Et que par la grâce d’un Ipod chargé jusqu’à la gueule

et de deux minuscules enceintes en plastique qui tiennent bon depuis dix ans,

la musique transforme la plus miteuse des chambres d’hôtel perdues au bout du monde

en un chez moi magnifique, et serein,

où j’aurais comme toujours vécu

en même temps que j’y pose le pied pour la première fois.

 

Elle est mon premier geste du matin,

et mon dernier du soir,

elle est ce qui me rappelle et m’emmène,

ce qui me souvient et m’entraîne,

elle me rappelle à moi,

à d’autres,

à d’autres lieux, d’autres vies et d’autres amours

et elle me rappelle de me remettre toujours en route

– que ça vaut le coup…

 

Aussi quand je reviens « chez moi »,

– où que celui-ci me trouve –

et bien qu’elle m’ait accompagné tout au long du voyage,

la musique est là qui m’attend.

Prête à me laisser vagabonder dans ce que j’ai vécu,

prête à lui redonner forme, et couleur, et parfum,

et prête à me rappeler de vivre encore demain,

d’y croire malgré tout;

 

et que si rien ne dure vraiment,

c’est que tout recommence à jamais,

et que c’est une chance

et non une menace.

 

Chers tous, il est 3h41 à Dakar, et vous êtes sur

Radio Canaille,

station mythique et chimérique créée un jour d’été

et de mer

sur Anawim, le voilier des amis,

que je m’apprête à rejoindre dans une semaine tout rond

 

pour rejoindre Marseille

depuis les Açores

– en passant je l’espère par Tanger.

 

La clim à plein régime dissipe un instant la chaleur moite qui s’est abattue sur la ville,

et qui me rappelle comme chaque fois que je la retrouve

mes premiers pas sur le sol africain,

il y a 12 ans

– cette sensation de rentrer dans un élément liquide

de retrouver enfin le ventre de la mer.

Cette sensation physique unique qui m’a donné envie de raconter pour la première fois,

– et peu importait, alors, le collectif du mail,

je savais bien qu’avec vous ça ne l’empêcherait pas pour autant d’être intime.

 

A Johannesburg que j’ai quittée ce soir,

et encore dans mon corps pour un ou deux jours,

il est 5h41, deux heures de plus.

 

Je devrais me coucher, si j’en crois l’heure de Dakar,

et en même temps si j’écoute celle de Pretoria, du Cap et de Joburg,

c’est déjà presque le matin.

 

Et les soirs de retour ont une excitation douce à laquelle je ne renoncerai pour rien au monde, j’aime à les faire durer.

Alors, forcément, vous l’aurez compris,

je laisse mon âme vagabonder,

et j’écoute de la musique.

Et ce soir j’ai découvert deux « live » magnifiques, qui se répondent si bien.

L’un noir, l’autre blanc.

L’un en pyjama sur une scène moite, la bedaine suante et la croix saillante.

La voix puissante.

Et l’autre dans une cave, chemise noire, citron sonore et guitare chromée.

La voix limpide.

Fallait que je vous partage ça, pas moyen de faire autrement.

 

Chers tous vous êtes donc, vous l’aurez compris,

sur Radio Canaille,

la radio qui donne l’heure (sans la savoir vraiment)

– et pas que…

 

Et maintenant il est temps de découvrir que Gnarls Barkley, en plus de faire ses concerts en pyjama, rivalise aisément avec Tom Yorke, le chanteur de Radiohead,

et que ça retourne le cerveau et le coeur.

Je vous embrasse fort

Rom, l’homme itinérant

 

 

 

 

PS :

« Reckoner
You can’t take it with you
Dancing for your pleasure

You are not to blame for
Bittersweet distractors
Dare not speak its name
Dedicated to all human beings

Because we separate
Like ripples on a blank shore
In rainbows
Because we separate
The ripples on a black shore

Reckoner, take me with you

Dedicated to all human beings »

 

 

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