Matricule 46664 for ever

Février 2010 dans une rue de Cape Town
Février 2010 dans une rue de Cape Town

 

Quand le rêve arc-en-ciel est entré pour la première fois au Parlement Noir et Blanc de l’appartheid, en ce 2 février 1990, d’abord il a fait un grand silence.

Puis bizarrement, il a pris les traits du premier ministre Frederic De Klerk, le dernier homme blanc d’une longue lignée à diriger un pays noir à 80% et ceux d’un vieux monsieur prisonnier depuis vingt sept ans – le matricule 46664.

Et puis quand il a commencé de parler, il a dit une chose que personne n’aurait jamais espéré entendre :

« J’annonce officiellement que le gouvernement a pris la ferme décision de relâcher Monsieur Mandela. »

Le 11 février 1990, Nelson Mandela est sorti de prison, et l’image de cet homme vieilli derrière des barreaux qui marche main dans la main avec sa femme et qui brandit le poing s’est gravée sur la rétine et dans le coeur de chaque Sud Africain.

Après 27 ans, un homme sortait de prison la tête haute et le coeur ferme, et il allait à nouveau pouvoir s’exprimer, et agir.

Ce soir, 23 ans plus tard, « Madiba » est à l’hôpital. On n’en sait pas plus. Les médias relisent en boucle le même communiqué d’hier matin. On ne sait pas avec certitude l’hôpital dans lequel il se trouve…

Et alors que toute l’Afrique retient son souffle pour son grand-père (enfin, arrière-grand-père serait plus juste, il a tout de même 94 ans !), et que à l’épicerie en face de chez moi comme aux boui-boui des rues du Plateau, on commente la santé de celui qu’on voudrait ne jamais voir s’en aller, une amie sénégalaise m’a dit ce soir au téléphone ces mots très beaux :

« Tu sais, nous, en classe, quand j’étais petite, il y avait une phrase qu’on n’effaçait jamais sur le tableau noir : « L’apartheid est un crime contre  l’humanité. » On passait l’éponge le matin, mais on laissait cette phrase. Et les seules fois où on l’effaçait, c’est parce que le maître allait l’écrire encore mieux. 

Mandela, maintenant, il mérite de se reposer en paix. Il a donné une chose unique au monde…»

(Et si vous voulez en savoir plus sur ce jour de février pas comme les autres, allez voir ce petit web doc qu’on avait fait pour les 20 ans de la libération, avec mes compères d’Inflammable :

http://www.lemonde.fr/afrique/visuel/2010/02/11/un-jour-de-fevrier-nelson-mandela-et-l-afrique-du-sud_1304208_3212.html

PS : Inflammable s’appelle maintenant Kids Up Hill, et leur site, c’est là :

http://www.kidsuphill.com

 

 

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